Les hommes de génie sont des météores destinés à brûler pour éclairer leur siècle.
Napoléon, Discours sur le bonheur ou Discours de Lyon, 1791.
A partir du 9 novembre 1799, jour du coup d'état réussi du 18 brumaire, Napoléon Bonaparte, général révolutionnaire venu de Corse, oriente les destinées de la France. Il exerce d'abord la fonction de premier Consul et est couronné Empereur des Français en décembre 1804. Profitant de la tourmente révolutionnaire, il élimine d'anciens régimes aux structures établies bien au-delà des frontières de la France et soumet à son autorité des pays comme l'Italie ou la Hollande. Là, il entreprend des réformes, dont les effets sont encore perceptibles au 20e siècle. Mais qui est cet homme, qui se présente à la fois comme l'ultime héritier de la révolution française et comme le créateur d'un ordre européen nouveau et universel placé sous la suprématie de la France ? Comment les esprits critiques contemporains ont-ils perçu son ascension d'abord, sa chute ensuite ?
L'exposition Napoléon - génie et despote présentée au musée Rops du 26 avril au 24 août 2008 aborde ces questions via la présentation de nombreux documents et œuvres provenant de la Fondation de Basse-Saxe, du musée Wilhelm Busch de Hanovre (Allemagne) et du musée Napoléon d'Arenenberg (Suisse). Cette riche production d'images satiriques publiées à travers toute l'Europe à l'époque napoléonienne est impressionnante, tant par sa qualité que par sa quantité.
Cette exposition présente en parallèle aux caricatures, des exemples du culte de la personnalité que Napoléon a lui-même mis en scène durant son règne : traditionnels portraits de cour, peintures de batailles et d'autres objets en lien avec l'Empereur. Elles côtoient des points de vue contemporains diamétralement opposés, ce qui contribue à donner de l'épopée napoléonienne une image à la fois vivante et émouvante.
L'exposition suit l'ascension de Napoléon vers le pouvoir : le général révolutionnaire devient Premier Consul, puis Empereur des Français. Elle illustre les campagnes politiques et militaires de Napoléon : l'hostilité envers l'Angleterre, la guerre d'Espagne et la désastreuse campagne de Russie. Elle s'intéresse évidemment aussi à l'ultime et dramatique chapitre de l'ère napoléonienne : les guerres de libération en Allemagne constituent l'introduction d'un chapitre qui ne se termine ni avec l'abdication de l'Empereur ni avec son exil vers l'Île d'Elbe en 1814. En effet, Napoléon reprend le pouvoir lors de la période des Cent Jours avant d'être définitivement battu à la bataille de Waterloo. Déporté ensuite à l'Île de Sainte-Hélène, située dans l'Océan atlantique, il meurt en 1821.
Napoléon a imposé des normes dans bien des domaines, y compris dans celui de la caricature. Plus de deux mille caricatures ont été publiées entre 1797 et 1815. Elles paraissent néanmoins presque exclusivement en Angleterre jusqu'en 1813. En effet, la monarchie constitutionnelle établie dès 1689 y garantit une véritable liberté d'expression dont jouit aussi la presse, ce qui à l'époque est totalement inconcevable dans les autres états européens. Le Roi d'Angleterre, les membres de la cour ainsi que les ministres et les parlementaires y sont constamment observés et, le cas échéant, soumis à la critique. Le peuple anglais, toutes classes sociales confondues, est ainsi largement informé, et de ce fait, porte un grand intérêt à la politique. C'est dans ce climat favorable que la caricature s'impose dès le 18e siècle comme moyen d'expression d'opinions politiques. Elle atteint son apogée à la fin du siècle en qualité et en densité artistiques.
Les caricatures d'artistes restés célèbres comme James Gillray, Thomas Rowlandson ou Georges Cruikshank paraissent quotidiennement, de même que celles de leurs nombreux collègues, dans les publications de leurs éditeurs londoniens.
Néanmoins, l'histoire des caricatures de Napoléon se développe de manière tout à fait spécifique dans les différents pays européens. C'est à cette découverte que le musée Rops vous invite...