« Impressions symbolistes. Edmond Deman (1857-1918), éditeur d’art » retrace la vie, l’œuvre, la collection et l’univers de ce bibliophile et marchand d’art bruxellois, encore trop peu connu du grand public. Edmond Deman, ce « découvreur de talents », a su s’entourer des écrivains et artistes qui allaient marquer la fin-de-siècle. Amoureux de la modernité, de l’audace et du travail bien fait, il a profondément marqué le monde de la bibliophilie, mais aussi celui du symbolisme dans l’art. Cette exposition rend hommage au monde qu’a créé cet homme exceptionnel qui tissa des liens d’amitiés avec des écrivains majeurs comme Maeterlinck, Verhaeren, Mallarmé, Barbey d'Aurevilly, Bloy ou Villiers de l'Isle-Adam, mais aussi avec des peintres comme Khnopff, Redon, Rops, Van Rysselberghe, Spilliaert, Donnay, Delville, etc.
Né à Bruxelles en 1857, fils de commerçant et très jeune passionné par les livres, Edmond Deman, commence sa carrière en fondant, au cœur de la capitale belge, un cabinet de lecture, sorte de bibliothèque publique, qu'il baptise La Lecture universelle, puis il ouvre une librairie. Il publie régulièrement des catalogues de ventes publiques ou à prix marqués et se spécialise dans les livres rares et précieux. À partir de 1888, ses catalogues portent une marque d’éditeur dessinée par Fernand Khnopff.
Outre le cabinet de lecture et la librairie, Deman se lance dans l’édition, probablement à la demande d’Emile Verhaeren avec qui il entretiendra des relations d’amitié presque fraternelles. C'est en 1888 qu'il édite ses deux premiers livres : Les Soirs de Verhaeren et Les poèmes d'Edgar Poe traduits par Mallarmé qui quittera ses éditeurs parisiens pour confier à l’éditeur belge trois de ses ouvrages majeurs. Deman publie avant tout des recueils de poèmes, publiés à petits tirages sur des papiers de choix, ornés de frontispices de Manet, Renoir, Rops, Redon, ou d’ornements, notamment de Khnopff, Lemmen, Minne, et surtout de Théo Van Rysselberghe, autre ami proche.
Le travail d’éditeur de Deman est relativement limité en quantité, une cinquantaine de livres et quelques albums de planches, mais la qualité de ses publications est exceptionnelle, non seulement grâce aux écrivains et artistes auxquels il fait appel, mais aussi grâce au soin qu’il met à les réaliser. La nouveauté qu’il apporte à l’édition de la fin du 19e siècle est reconnue comme l’une des plus importantes d’Europe. Sa vie fut consacrée à défendre la littérature et l’art de son époque, qu’il aimait par dessus tout.
L’exposition met en évidence les trois facettes de cette personnalité attachante :
Edmond Deman, éditeur : pour la première fois, cinquante-deux livres sur les cinquante-quatre publiés par Deman sont présentés en vitrine. Des écrans permettent de faire défiler les pages de plusieurs ouvrages contenant des illustrations originales d’artistes (Spilliaert, Van Rysselberghe). Des dessins ou gravures tirés des livres sont présentées aux cimaises afin de mieux comprendre le processus d’édition d’un livre.
Edmond Deman, collectionneur : Edmond Deman possède sa propre collection de peintures, dessins, estampes, affiches qu’il enrichit au fur et à mesure des rencontres avec les artistes. Sa correspondance ainsi que des photographies d’époque inédites et jamais exposées l’attestent : ses nombreux contacts avec les artistes belges ou étrangers lui permettent d’acheter des œuvres à plus ou moins bon prix. Celles-ci garnissent les murs de sa magnifique demeure (espaces publics et privés) et servent de cadeaux à sa femme, Constance Horwath et à ses filles bien-aimées, Gaby et Paulette. L’exposition évoque cette collection, grâce aux œuvres retrouvées dans des institutions publiques et collections privées.
Deman, marchand d’art : outre sa collection personnelle, Edmond Deman organise également des expositions dans sa librairie avec des artistes qu’il apprécie comme Degas, Renoir, Manet, Carrière ou encore Delville. Malheureusement, aucun catalogue de ces expositions n’a été conservé, mais c’est par l’intermédiaire de comptes rendus de journaux d’époque que les noms de ces artistes sont connus. Par contre, via la correspondance de Deman et les récits de certains artistes, l’on sait que le libraire a fait découvrir les œuvres de grands artistes belges, comme James Ensor, Félicien Rops ou Armand Rassenfosse. Il possédait des portesfeuilles de gravures de ces futurs maîtres et en garnissait sa vitrine.
Le titre « Impressions symbolistes. Edmond Deman (1857-1918), éditeur d’art » fait donc allusion au métier du livre, mais aussi aux choix des œuvres présentées au musée Rops. C’est l’atmosphère de la librairie et de la demeure de Deman qui sera évoquée par la présentation d’œuvres lui ayant appartenu, mais aussi par d’autres qui sont en adéquation avec son univers éditorial.
Liste des artistes exposés : Eugène Carrière, Jean Delville, Maurice Denis, Auguste Donnay, Charles Doudelet, James Ensor, Henri Evenepoel, Georges Jamotte, Fernand Khnopff, Henri Thomas, George Lemmen, Maximilien Luce, Constantin Meunier, George Minne, Camille Pissaro, Armand Rassenfosse, Odilon Redon, Félicien Rops, Léon Spilliaert, Théo Van Rysselberghe.
Cette exposition présente une centaine d’œuvres (gravures, dessins, peintures, sculptures) et regroupe des prêts de collections diverses comme musée d’Orsay, Kröller-Muller d’Otterlo, musées royaux des Beaux-Arts de Belgique, bibliothèque royale de Belgique, musée communal d’Ixelles, musée d’art moderne et d’art contemporain de la Ville de Liège, collections artistiques de l’université de Liège, collections privées d’Anvers, Bruxelles, Liège, Namur.
Un catalogue en couleur édité par le musée Rops reprend les textes de Véronique Carpiaux (conservatrice du musée Félicien Rops, Province de Namur), Adrienne Fontainas (biographe et bibliographe d’Edmond Deman et vice-présidente de l’association internationale de Bibliophilie), Denis Laoureux (professeur d’histoire de l’art à l’université libre de Bruxelles), Jennifer Beauloye (aspirante F.R.S.-FNRS à l’université libre de Bruxelles et collaboratrice scientifique aux musées royaux des Beaux-Arts de Belgique), Maïté Springael (responsable de l’édition de la correspondance de Rops au musée Félicien Rops, Province de Namur).
Cette exposition est organisée en partenariat avec la bibliothèque royale de Belgique.