Léon Wuidar (1938) est un artiste multiple : peintre, graveur, dessinateur, illustrateur de livres… Très attiré par l'architecture, persuadé de la complicité entre l'architecte et le plasticien, il réalise de nombreuses intégrations pour divers édifices publics (restaurant universitaire du Sart-Tilman, lambris émaillés au CHU à Liège et dans une crèche à Paris, grille en façade du Centre administratif du MET à Namur…)
C'est à partir de 1978 que l'artiste s'adonne à la gravure, après avoir retrouvé au fond d'une armoire un matériel de linogravure. Il gardera une prédilection pour cette technique, même s'il en abordera d'autres, telle la sérigraphie. Les gravures de Léon Wuidar offrent un jeu épuré de formes géométriques, de lignes et de couleurs composant quelquefois des séries, variations autour d'une forme laissant entrevoir les infinies possibilités de leurs rencontres. "Ce qui m'a toujours fasciné", dit l'artiste, "c'est l'ordonnance et la disposition des éléments et des formes, à tel point que c'est devenu une des caractéristiques de mon travail. Les jeux de construction de formes géométriques, en bois peint imitant des détails d'architecture restent parmi les agréables souvenirs de mon enfance. L'apparence de ces images désuètes m'est devenue tout à fait inutile sinon insupportable, mais j'ai conservé le goût pour les organisations formelles qui me vient de ces jeux de construction et dont le résultat se suffit à lui-même et s'impose par son contenu et sa propre existence."
Rappelons que Léon Wuidar, d'abord peintre figuratif, a renoncé à la figuration en 1963 pour cette abstraction géométrique qui devait à nouveau susciter l'intérêt dans les années d'après guerre. Cette recherche de l'épuré se traduit davantage encore à travers les dessins de l'artiste, privilégiant là plus que jamais le trait, l'épaisseur même du trait, l'absence de couleur : données minimales à partir desquelles inventer d'impressionnantes combinaisons. Dans cet esprit, on comprendra donc la complicité du peintre-graveur avec la rigueur de l'architecture et son intérêt particulier pour la forme et le jeu du labyrinthe.
Un autre jeu passionne Léon Wuidar : celui des lettres et des mots. Curieux du " parler de la vie ", des jeux verbaux, des comptines populaires, des proverbes, il mène sa recherche sur le rythme de la langue, sur son inscription même et ses liens avec le signe, la figure. Il dit : "Je me souviens toujours avec un peu d'émotion de la découverte que je fis dans une vitrine encombrée et poussiéreuse de l'ancien musée de la Vie wallonne à Liège. Il y avait là deux ou trois exemplaires d'anciens almanachs, destinés à des bergers illettrés, entièrement composés de figures diverses." Son travail consiste alors à mêler le mot et la figure, à créer la figure à partir du rythme du mot, à faire apparaître leur complicité, quelquefois leur humour : abécédaires aux variations innombrables, " jeux de mots " visuels, répétitions traduites en dessins, où l'on s'amuse non seulement de la forme mais aussi du sens.
Entrée gratuite - Catalogue : 300 FB
(vingt exemplaires en tirage de tête comprenant une gravure originale signée sont vendus au prix de 1.000 frs).