Les grands thèmes qui peuplèrent l'art du 19e siècle et plus particulièrement le Symbolisme furent également ceux de James Ensor, ceux qui émergent aujourd'hui à travers l'oeuvre du Maître ostendais, si longtemps méconnu des siens.
Comédie humaine, hantée par la mort, dérision des masques, paradis perdu et mythe du Messie, foules révotées ou en fête : autant de thèmes obsédants, rendus dans l'amour de la transgression et de la provocation, dans l'humor, l'ironie aussi et, peut-être le doute, à travers quoi, d'ailleurs, nous pouvons voir aujourd'hui et dire combien, à trente ans d'intervalle, les oeuvres d'Ensor et de Rops ont d'affinités.
Venu à la gravure à 26 ans, alors que sa peinture demeure méconnu, Ensor écrit : "...Je veux survivre et je songe aux cuivres solides, aux encres inaltérables, aux reproductions faciles, aux tirages fidèles et j'adopte l'eau-forte comme moyen d'expression" : il y laissera régner la lumière et l'impalpable de l'air. ainsi, bien sûr, que la couleur, dont il rehaussera souvent ses eaux-fortes selon divers procédés.
Rops-Ensor, ces deux grands maîtres de l'at belge sont, aujourd'hui associés, par le biais de la gravure. L'un, Rops, rêve de rénover l'eau-forte en Belgique, la qualifiant de "rayon de soleil qui tombe d'un beau ciel et se fixe sur le cuivre pour vexer les photographes"; l'autre, Ensor, définissant la gravure d'"art de belle taille, sublimé de mystère, art corsé d'alchimie, d'alambics, et de cornues, art diabolique fleurant souffre et vif argent...art propre aux gentilshommes, vaillants de coeur, de sens et d'esprit allumés".
Cette rencontre est aujourd'hui possible grâce à la bienveillance de la Kredietbank qui a accepté de nous prêter sa magnifique collection d'eau-fortes de James Ensor, et que nous remercions vivement, ainsi que le Crédit Général.